Par Odilon Desmoulins
La rivière avait perdu ses tresses
Depuis les grandes crues de 1994, le SMAVD met en œuvre une stratégie de rétablissement du fonctionnement naturel de la Durance, basée sur une approche écologique et morphologique.
Historiquement, après l’extraction massive de granulats et la mise en place des grands aménagements, la Durance a perdu ses fonctionnalités naturelles de rivières méditerranéennes dites en tresses – constituées de multiples chenaux variant au gré des crues, des déplacements de bancs de graviers – qui lui permettent de transporter les matériaux, dont les graviers normalement présents dans le lit. Il s’agit donc de rétablir les fonctionnalités en tresses de la Durance, point clé de la restauration de la rivière.
Un constat clair
Après des années d’études, un constat a permis de mettre en évidence l’étroite relation entre le fonctionnement morphologique de la rivière, les conditions d’écoulement des crues, la qualité et la dynamique des milieux naturels alluviaux et la préservation de la ressource en eau de la nappe alluviale.
La dynamique des apports naturels par les affluents n’étant pas suffisamment rapide, le SMAVD dans sa vision intégrée de gestion de la rivière a initié un projet de recharge sédimentaire dans le but de remettre des matériaux (graviers) en mouvement dans le lit lors des crues, et de redynamiser l’espace alluvial pour restaurer ses fonctionnalités naturelles perdues de rivière méditerranéenne en tresses.
Concrètement, cela se matérialise par :
Cette démarche, fondée sur la nature en tirant partie des forces naturelles de la Durance, est largement soutenue par l’Agence de l’Eau, la Région Sud et les conseils départementaux du Vaucluse et des Bouches-du-Rhône ; elle participera à une redynamisation globale et durable de la rivière.
Il existe peu de références de recharge sédimentaire en France, aussi le projet du SMAVD présente un fort caractère exploratoire. L’année 2020 a vu l’achèvement d’une importante phase d’études préalables ayant permis de faire l’inventaire des sites favorables à une recharge sédimentaire et prioriser les opérations de travaux sur les sites les plus pertinents et opérationnels. Le SMAVD prévoit de réaliser les premiers travaux dès 2021.
Plus qu’un état écologique, c’est bien une trajectoire de fonctionnement plus naturel de la Durance qui est recherchée. Cette trajectoire tend vers plus de fonctionnalités en faveur d’un retour de la rivière en tresses tant au niveau de la faune et de la flore que sur les habitats naturels.
Concrètement, le SMAVD recherche une grande variété de milieux dynamiques dans l’espace et dans le temps (iscles graveleux, sablonneux ou limoneux, mares, lônes, adoux, radiers, mouilles…) et moins de rivière figée en un chenal unique monotone.
Grace à la remobilisation des sédiments (graviers) aujourd’hui encore immobiles, le processus de dynamique recrée cette variété de milieux.
Le lit de la rivière gagnera en hauteur et permettra de reconnecter la nappe alluviale au milieux annexes tels que la ripisylve. Le suivi de l’efficacité de l’action sera mesuré par le retour d’espèces liées à la dynamique alluviale telles que l’Apron du Rhône, la Petite Massette ou les insectes inféodés au lit en tresses.
De l’amont vers l’aval, les cours d’eau sont influencés par les pentes qu’ils subissent, leur débit et les matériaux qu’ils transportent. Cela entraine des modifications dans leur morphologie, c’est-à-dire le chemin qu’ils empruntent, l’espace qu’ils occupent et comment ils se déplacent. Aujourd’hui, les agents du SMAVD suivent et analysent les évolutions morphologiques de la Durance tout au long de l’année.
Syndicat Mixte d’aménagement
de la Vallée de la Durance – SMAVD
190, rue Frédéric Mistral
13370 Mallemort